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1 mars 2013

Conforme ou non ? Là est la question…

Tel que mentionné dans un billet précédent, le but de l’audit est de vérifier la conformité des éléments soumis à la vérification. La conclusion à l’égard des constats recueillis ne peut qu’être binaire : « conforme ou non ». Le cas échéant, « l’auditeur doit faire la démonstration de la non-conformité » à défaut d’y parvenir, il doit conclure à la conformité. Rappelons que, conséquemment, seule la non-conformité démontrée contraint l’audité à améliorer son système.

Lors d’un audit interne il est compréhensible, voire souhaitable, que l’auditeur émette des opportunités d’amélioration puisqu’il est mandaté par la direction à son plus haut niveau et que cette dernière a pris un engagement d’amélioration continue dans sa politique.

Dans le cas d’un audit externe la situation est toutefois bien différente. L’auditeur n’a pour mandat que de statuer sur la conformité. Cette vérification prévoit notamment la cueillette d’évidences que l’audité a la capacité d'identifier et de concrétiser lui-même son engagement d’amélioration continue. L’absence de telles évidences devrait conduire l’auditeur à émettre une non-conformité, non pas de suggérer ce que l’audité devrait faire pour être conforme. Lorsqu’il émet une opportunité d’amélioration l’auditeur externe outrepasse son mandat, crée de la confusion et nuit à l'autonomie du système de l’audité en se substituant à ce dernier.

De plus, puisque l’opportunité d’amélioration n’est pas une non-conformité, elle  doit toujours être interprétée comme formulée dans un contexte de conformité et jamais comme une non-conformité bénigne ou potentielle ! L’auditeur qui informe son audité du risque de convertir une opportunité d’amélioration actuelle en une non-conformité potentielle future si rien n’était fait pour « corriger la situation » commet une faute grave. Il présume ainsi, avant même d’entreprendre l’audit suivant, qu’il y a des non-conformités potentielles dans ce qui sera audité. Cette prédisposition va à l’encontre de la présomption de conformité essentielle à l’objectivité de l’auditeur et à un travail intègre de qualité.

La vérification de la mise en œuvre des améliorations, des plans d’action et du maintien des autres éléments d'un système est bien suffisante pour conclure à sa conformité. Il n'est nul besoin d’ajouter des artifices à cette vérification.
Espérons que les registraires fautifs et leur suite verront dans ce billet une « non-conformité » et non pas une « opportunité d’amélioration »...

3 commentaires:

  1. Salut Éric,

    J'ai évalué vite fait notre façon de faire dans un audit interne et je ne crois pas que notre façon de faire est efficace.

    Lors de l'audit nous relevons les points forts (ok), les non-conformités (ok)et c'est là que ça se gâte, les observations et pistes d'amélioration.

    Les observations sont traitées comme une non-conformité potentielle tandis que les pistes d'amélioration sont traitées à la discrétion du commité de direction (oui ou non).

    Nous traitons différemment un seul et même problème, ce qui pourrait en résulter de laisser passer des chances de s'améliorer dans notre système.

    Richard Provençal

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    1. Éric Lessard, 4 septembre 2013 23:22

      Bonjour Richard. Merci pour ce commentaire. D’abord « Bravo ! » pour la rédaction des points forts dans vos rapports d’audit internes. Cette pratique essentielle est trop souvent négligée. Bravo également pour le questionnement de vos pratiques. La vigilance demeure la meilleure alliée de la prévention.

      Rappelons que le verdict d’un audit est binaire : « conforme » ou « non-conforme ». Conséquemment, les pistes d’amélioration ne peuvent porter que sur des situations conformes qui pourraient, selon l’auditeur, bénéficier d’une plus grande efficacité.

      Si la direction doit agir devant une non-conformité, elle a le choix de décider ce qu’elle fait de la piste d’amélioration. Si l’observation est une non-conformité potentielle (comme cela semble être le cas) et que l’organisation la traite comme une non-conformité, je crois qu’il faut encourager cette approche préventive.

      Si par contre, devant un même problème on documente soit une piste d’amélioration ou une observation, je crois que l’on crée de la confusion d’où le traitement distinct pour des problèmes semblables.

      Afin d’éviter cette confusion, je suggère généralement d’utiliser les termes suivants :

      « Non-conformités » pour les écarts réels ou potentiels qui présentent un véritable risque pour l’entreprise ;

      « Observations » pour les « irritants » qui sont des écarts dont la gravité est jugée insuffisante pour les qualifier de non-conformités. Il est bien toutefois de les recenser sous forme de Pareto et de les traiter successivement sous forme de non-conformités regroupant plusieurs occurrences ;

      « Opportunités d’amélioration » pour les situations conformes qui pourraient néanmoins bénéficier d’une plus grande efficacité.

      Les auditeurs ont ici un rôle essentiel à jouer en donnant l’heure juste à la direction. Le constat fait est-il conforme ou non ? Là est la question...

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