Récemment,
sur les réseaux sociaux, j’ai lu le message suivant :
Souhaitez un joyeux anniversaire de travail !
Nom d’un consultant
7 ans en novembre
Nom d’un registraire.
7
ans ? Ça vous dit quelque chose ? Il y a 7 ans, nous étions en 2006. C’est
l’époque à laquelle, pour la première fois, votre registraire vous informait qu’un
consultant irait vous auditer.
Les
arguments étaient nombreux et semblaient nobles :
« C’est
nécessaire pour assurer l’impartialité » ;
« Nos permanents ne fournissent plus, il faut aller à l’externe » ;
« Un
auditeur trop familier avec son client devient complaisant » ;
« Votre
secteur d’activité est trop spécialisé pour justifier l’embauche d’une personne
».
Ça
vous revient ? Souvenez-vous, l’exception du moment allait bientôt devenir
la règle. Certains registraires allaient, au cours des mois suivants, congédier
massivement leurs auditeurs permanents pour les engager, le lendemain, comme
pigistes. Votre permanent d’hier vous a même probablement audité en tant que consultant lors de l'audit
suivant. Tiens-toi ! Exit les arguments, la vertu et la crédibilité. L’expérience a été si positive que
certains registraires sont aujourd’hui incapables de déléguer un auditeur permanent à leurs clients. Faites le test. Que des pigistes
! Ou presque. Ils offrent pourtant à ces pigistes une charge de travail qui correspond à un
temps plein. Il est grand le mystère de la foi. Non ?
L'exigence 7.4.2 Informations relatives aux achats de la norme ISO 9001:2008, stipule que : « les informations relatives aux achats doivent décrire le produit à acheter, y compris, selon le cas,... b) les exigences pour la qualification du personnel ; ».
Est-ce
plus facile de contrôler les qualifications d’un permanent ou d’un pigiste ?
Vous « client », devez
exiger de votre « fournisseur de certification » (à tort interprété comme n'étant que des registraires), des « auditeurs
permanents, qui ne travaillent que pour lui et à plein temps ».
Nier
ce devoir consiste à opter pour la médiocrité et donc à payer pour rien. Tous les consultants ne sont pas
mauvais, cupides et partiaux. Mais, outre le fait qu'il est plus facile de faire le party à deux, l’apparence de conflit d’intérêt anéantit
toute crédibilité des efforts faits, aussi nobles soient-ils.
Revenons à l’exemple donné dans un billet précédent. Lundi,
les consultants A et B font équipe pour auditer un
client. Mardi, A audite le client de B qui audite
le client de A. Jeudi, nos deux amis A et B, font de
nouveau équipe et ainsi de suite jusqu'à la fin des temps...
Est-il
possible que A et B soient complaisants entre
eux ? Envers le système qu’ils auditent pour éviter des soucis avec le client
ou celui qui les engage ? Est-il possible que A et B soulèvent
des opportunités d’amélioration plutôt que des non-conformités dans l’espoir d’être
repêchés comme consultants ce qui serait bien plus payant ? Est-il possible que
dans pareil cas, la certification ne vaille plus rien ? Est-il possible,
qu’un registraire ignore ces éventualités, choisisse de fermer
les yeux et de se réfugier derrière des signatures sur la confidentialité, les
conflits d’intérêt et des arguments bidons pour arriver à ses fins cupides ? Est-il possible que les organismes qui accréditent les registraires,
eux-mêmes « accrédités » par l’ISO qui relève de l’ONU, puissent
participer à un tel mensonge collectif érigé en système ?
On va trop loin ? Alors dans ce cas, revenons à notre simple mais combien puissant, pouvoir d'achat. La clause 7.4.2 b),
c’est vous qui l’appliquez. Personnellement je ne veux pas de fournisseurs
certifiés sous ce régime. Non seulement leurs services ne sont pas mieux, mais leurs coûts sont trop élevés car ils me refilent, en tant que client et consommateur, les frais d'une « certification » vide de sens. La médiocrité engendre la médiocrité.
J'avais déjà abordé ce sujet dans un billet précédent. Il le sera de nouveau dans l'avenir car trop important pour être tu. De plus, je manque rarement
une occasion de faire la fête alors… Bonne fête champions !